Riverdream…
… ou le choix de son existence
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Ce roman d’horreur m’avait été conseillé par un fin amateur de fantasy et sûrement l’un des premiers lecteurs de George R R Martin en France. J’ai mis quelques mois avant de me lancer dans la lecture, plutôt occupée à lire des Zola, Fitzgerald et autre Modiano.
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George R R Martin est l’écrivain qui s’est fait connaitre il y a quelques années grâce à l’adaptation en série de sa saga du Trône de fer (Game of Thrones). N’ayant pas envie de le lire comme tout le monde, je suis allée à la rencontre de l’auteur en remontant le courant de sa bibliographie. Oui, Mr Martin n’est pas le créateur d’un seul livre et c’est en 1983 qu’il a écrit Riverdream.
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« D’un geste vif, Abner Marsh tapota le pommeau de sa canne en hickory sur le comptoir de l’hôtel pour attirer l’attention du réceptionniste. »
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L’incipit nous présente le personnage principal Abner Marsh, immédiatement dans l’action. La mention de l’hickory, qui est un arbre défini comme étant « très lourd, très résistant », nous donne une petite idée de la constitution du vieux capitaine. Ce vieux loup du Mississipi, dont la compagnie de bateaux a fait faillite en 1856, s’associe au très fortuné Joshua York pour construire le vapeur de ses rêves. En contrepartie, il accepte de ne pas questionner les habitudes étranges du jeune homme et lui laisse le contrôle du Rêve de Fevre. Durant le voyage, le doute et les inquiétudes s’immiscent en Abner Marsh malgré sa relation amicale avec son associé. Il finira par comprendre que Joshua York est en réalité un vampire.
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« Quel genre d’histoire essayez-vous de me conter ? Grommela-t-il.
- Une histoire de vampire, répondit York avec un sourire espiègle. »
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George RR Martin réussi à dépoussiérer les mythes et croyances sur le vampire sanguinaire et lubrique. Rien de sexuel dans les baisers mortels au creux du cou, mais une pulsion mensuelle impossible à contrôler. La fièvre rouge, la malédiction organique de ceux qui seraient les descendants d’Abel et que Joshua York réussit à apaiser grâce à sa décoction. Mais l’Homme n’a rien à apprendre de la Bête dans Riverdream : esclavagisme, cannibalisme, meurtres…
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Entre libre arbitre, réflexion et persévérance (voire obsession), l’écrivain réussit à créer des personnages intelligents et nuancés. Presque autant nuancée que le fleuve du Mississippi, décor du récit mouvant et presque vivant dans le regard d’Abner Marsh. On voit, on entend et on respire la vie en Louisiane. La puanteur et la moiteur accablantes de la Nouvelle Orléans pourraient nous peser sur l’estomac grâce à l’écriture érudite et précise de Martin.
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Le seul petit bémol vient peut-être de Joshua York qui peut parfois paraitre très ou trop idéaliste. Ses confessions, littéralement puisqu’il retrace sa vie tout en confessant ses pêchés et ses errements, ont des envolées quelque peu utopiques.
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Mon seul regret est l’absence de suite, surtout lorsque l’on voit l’épaisseur de son œuvre Game of Thrones.
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Riverdream
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George R R Martin
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Traduit et publié en France en 1983